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03 octobre 2007

Remenber


La loi contre les crimes de haine adoptée au Sénat


La loi «Matthew Shepard», du nom de cet étudiant torturé et assassiné à cause de son homosexualité en 1998 (photo), prévoit des sanctions spécifiques pour les auteurs de «crimes de haine». C'est-à-dire homophobes, contre les transsexuels mais aussi liés à la race ou à la religion. Le très conservateur Sénat américain a adopté le texte jeudi 27 septembre. Les représentants des organisations de défense des droits homosexuels s'en félicitent. «Cela fait une dizaine d'années que notre communauté travaille sans relâche à renforcer la protection contre les crimes motivés par la haine, et nous sommes aujourd'hui plus près du but que jamais. Le Sénat a pris une décision historique», a déclaré Joe Solmonese, le président de Human Rights Campaign, la principale organisation LGBT américaine. Le sénateur républicain Larry Craig, retourné au Sénat après s'être fait arrêter dans des toilettes pour hommes , a en revanche voté contre ce texte…
Pourtant, rien n'est encore gagné. La Maison Blanche promet de tout faire pour s'opposer à l'entrée en vigueur de cette loi. George W. Bush a fait savoir par l'intermédiaire du sénateur Lindsay Graham qu'il était «en désaccord avec cette législation et y oppose[rait] [s]on veto». Les Républicains avaient déjà essayé d'empêcher son vote par le Sénat en prétextant que le terme «identité de genre» était «ambigu et inapplicable».





PRENEZ LE TEMPS DE LIRE L'HISTOIRE DE MATTHEW... POUR LUI...

Mardi soir 6 octobre 1998, Matthew Shepard sort avec quelques amis gays au Fireside bar, à Laramie. A 21 ans, il est étudiant en sciences politiques à l'Université du Wyoming. Il est revenu dans cet Etat après avoir étudié en Suisse, ses parents travaillant en Europe. Les amis de Matt s'en vont, et il reste seul au bar devant une bière. Là, deux jeunes hommes l'abordent. Ils lui demandent s'il est gay. Matthew confirme. Ses deux interlocuteurs affirment qu'il sont gays aussi et lui demandent s'il veut venir avec eux. Confiant, Matt les suit dans leur voiture, qui les conduit hors de la ville.

Là, les deux jeunes hommes commencent à frapper Matthew à la tête avec la crosse d'un 357 Magnum. Matt est seul contre deux, et n'est pas de taille à se défendre : il mesure 1m65 pour 54 kg. Ses agresseurs l'attachent à une barrière. Matthew sent qu'ils veulent le tuer et les supplie de lui laisser la vie sauve, mais ses aggresseurs continuent à le frapper, si violement qu'ils lui brisent le crâne. Le traitement que les jeunes hommes font subir à Matthew s'apparente à de la torture (à son arrivée à l'hôpital, Matt présentait 14 coupures sur le visage, dont certaines assez profondes pour atteindre l'os, et de multiples brûlures sur le corps). Croyant Matthew mort, ils abandonnent son corps attaché à la barrière, comme un trophée.

Matthew reste 18 heures ainsi à une température proche de zéro, avant qu'une chute de VTT ne fasse atterrir à ses pieds un cycliste, qui croit d'abord avoir affaire à un épouvantail et qui se dépêche de prévenir les secours en constatant que Matthew respire encore. Le jeune amateur de VTT est persuadé que c'est un vrai miracle qui l'a fait tomber sur Matthew et a ainsi permis au jeune homme de survivre quatre jours et à sa famille de le revoir avant son décès.

La nouvelle de la violente agression contre Matt provoque un choc dans le pays tout entier. Bill Clinton se déclare profondément choqué par la brutale attaque et demande aux Américains de prier avec lui pour Matthew, dont les parents rentrent précipitament d'Arabie Saoudite où ils travaillent et vivent. Matthew a été transporté à l'hôpital de Poudre Valley, dans le Nord du Colorado. Il est dans le coma et n'est maintenu en vie que grâce à des machines. Son crâne est tellement brisé que les chirurgiens ont renoncé à l'opérer. Une veillée est organisée devant l'hôpital où arrivent ses parents. A minuit, dimanche 11 octobre, la pression sanguine de Matthew chute brutalement. Sa famille, présente à l'hôpital, est immédiatement prévenue et se rend à son chevet. A 00h53 lundi matin, Matthew meurt au milieu des siens, sans avoir repris connaissance.

Samedi 10 au soir, soit 24 heures avant la mort de leur fils, les parents de Matthew ont fait lire par le directeur de l'hôpital un communiqué. Voici la traduction d'un large extrait de ce communiqué : les passages où ils parlent de leur fils. Ils parlent au présent puisqu'au moment où ils ont écrit ce texte très émouvant, Matthew luttait encore contre la mort :

"Matthew est quelqu'un d'exceptionnel, et chacun peut tirer des leçons de sa vie. Tous ceux d'entre nous qui connaissent Matthew le voit tel qu'il est, une âme gentille et douce. Il croit beaucoup à l'humanité et aux droits de l'homme. C'est une personne de confiance qui regarde chacun à sa juste valeur, et qui ne s'attarde pas sur les défauts de chacun.
Sa seule intolérance est à l'égard des gens qui n'acceptent pas les autres tels qu'ils sont. Il a toujours sincèrement pensé que tous les gens sont égaux, quelques soient leur orientation sexuelle, leur race ou leur religion.
Nous savons qu'il croit que nous faisons tous partie de la même famille appelée Humanité, que chacun de nous doit traiter les autres avec respect et dignité, et a le droit de vivre une vie qui en vaille la peine. C'est une chose qu'il partagerait avec vous s'il le pouvait, nous en sommes sûrs.
Matthew aime sa famille. C'est un fils, un petit-fils et un frère aimant qui a rendu nos vies plus riches et pleines qu'elles ne l'auraient été sans lui.
Sa vie a souvent été un combat, d'une manière ou d'une autre. Il est né prématurément, et il s'est battu pour survivre quand il était bébé. Il est de petite taille mais nous croyons que c'est un géant quand il respecte la valeur de chacun. Nous savons qu'il pense que s'il peut rendre meilleure la vie de quelqu'un, il a emporté un succès. C'est un critère de réussite que Matthew a toujours pris en compte.
Matthew sait qu'il n'est pas le meilleur sportif du monde, mais il avait un esprit de compétition. Il a participé une fois aux Jeux de l'Etat du Wyoming. Il est arrivé à une place honorable à la course à pieds, et a alors décidé de participer aux épreuves de natation. Il l'a fait bien qu'il savait qu'il finirait le dernier. Ce qui est arrivé. Après, il a reconnu auprès de nous qu'il savait que ses chances de gagner étaient négligeables, mais qu'il n'aurait pas laisser cette considération l'empêcher d'essayer. C'est une autre leçon de Matthew pour nous tous, c'est une leçon que, nous l'espérons, chacun gardera en son cœur.
Matthew a beaucoup voyagé. Il parle l'anglais, l'allemand et l'italien. Il aime beaucoup l'Europe, mais il aime aussi Laramie (la ville du Colorado où il vivait) et l'Université du Wyoming. Nous pensons que s'il écrivait lui-même ce communiqué, il insisterait sur le fait qu'il ne veut pas que l'acte horrible de quelques uns ne ternisse la réputation de Laramie et de l'université."

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