Enquête sur l'homophobie en milieu scolaire : des résultats édifiants !
SOS homophobie, à l'heure de la rentrée, dévoile des chiffres inquiétants de l'homophobie en milieu scolaire. L'association, qui vient de publier son rapport annuel 2007, accuse l'Education Nationale dans un communiqué sans appel, dont voici l'intégralité :
SOS homophobie a réalisé une étude à partir d'une enquête réalisée à l'échelle nationale (principalement par le biais de son site web) en 2005-2006. Les résultats portent sur 712 réponses au questionnaire. Les chiffres sont édifiants. Oui, l'homophobie à l'école est une réalité. Non, l'Education Nationale ne fait pas ce qu'il faut pour la combattre. C'est pourquoi SOS homophobie interpelle à nouveau les autorités publiques pour la mise en place, conformément aux engagements du Président de la République, d'une véritable politique de lutte contre l'homophobie.
Qui a répondu ? Les participants représentent 67 %, les participantes 31 %. Leur moyenne d'âge est de 27 ans et 48% ont entre 15 et 25 ans. 58% des personnes interrogées déclarent avoir été victimes ou témoins d'actes homophobes. (Répartition par sexe : 59 % des participants à l'enquête, 55 % des participantes)
Où cela se passe-t-il ? Le lycée (40 % des cas) et le collège (38 %) sont les lieux privilégiés de ces actes homophobes.
Quelles sont les formes de l'homophobie ? Moqueries (29 % des cas) et insultes (26 %) en sont les manifestations principales. Un chiffre est préoccupant : dans 5 % des cas il y a coups et blessures. Ces faits sont souvent renouvelés ou permanents (46 %). Autre information inquiétante : 21 % des personnes interrogées déclarent avoir été victimes ou témoins d'homophobie de la part de l'institution (encadrement, administration).
Quelles en sont les conséquences ? Elles sont alarmantes (plusieurs réponses possibles par questionnaire) : Baisse des notes : 16 %, mal-être, déprime : 35 %, conduites à risques 9 %, tentatives de suicide 5 %. Quelle est la réaction de l'institution ? Ces faits restent souvent ignorés des adultes. En effet 44 % des victimes n'ont jamais osé en parler. Quand la situation est connue, seulement 5 % d'entre-elles ont reçu un soutien de la part de l'encadrement (et 20 % d'entre-elles ont été soutenues par des amis)
Quel est le jugement des victimes ? Il est sans appel : 89 % pensent que l'homophobie est passée sous silence dans les manuels scolaires et 79 % par les enseignant-e-s. 88 % sont d'avis que l'Éducation Nationale ne fait pas ce qu'il faut et 90 % d'entre-elles pensent que les personnels devraient être formés à la lutte contre l'homophobie.
L'intégralité de cette étude est disponible sur notre site web.
Face à ces chiffres SOS homophobie renouvelle ses appels.
L'institution doit faire des gestes forts, les personnels doivent être formés (IUFM, formation continue), les élèves doivent être sensibilisés, les programmes et les manuels ne doivent plus passer sous silence les questions liées à l'orientation sexuelle et à l'identité de genre.
Ce sont en effet l'ignorance et les clichés qui constituent le terrain de l'homophobie, de la lesbophobie et de la transphobie ordinaires.
Les associations peuvent obtenir un agrément auprès des rectorats pour effectuer des actions de sensibilisation en milieu scolaire.
Des associations sérieuses qui demandent cet agrément voient trop souvent leur demande refusée, ou plutôt non réellement examinée, sous les prétextes les plus fallacieux : les dossiers ne sont pas parvenus, ou bien il manque une pièce ou, pire encore, sous prétexte que l'association aurait en fait pour but de "faire des rencontres", ou bien que l'"action de l'association, telle qu'elle est présentée, doit s'adresser en priorité aux adultes membres de la communauté éducative" ou encore que "l'orientation sexuelle, comme l'appartenance politique ou confessionnelle, relève d'un choix personnel et privé" (selon les termes employés dans des notifications de refus d'agrément).
Certes, il faut former les personnels de l'Éducation Nationale. SOS homophobie est prête à relever le défi. Mais l'enquête démontre que rien ou presque n'a été fait au niveau des IUFM et des plans académiques de formation (formation continue des personnels).
Et quel usage font les autorités rectorales des trois circulaires ministérielles qui ont mis la lutte contre l'homophobie dans les établissements scolaires à l'ordre du jour et recommandent l'intervention d'associations partenaires si possible agréées ? Ces circulaires n'auraient-elles d'autres fonctions qu'un effet d'affichage ?
Nicolas Sarkozy a pourtant déclaré dans le magazine Têtu d'avril 2007 : "tout ce qui peut être fait à l'école pour expliquer que la différence est une richesse et pas un risque, je le favoriserai". Pendant la campagne électorale, il avait aussi indiqué : "Il me parait également important de sensibiliser l'ensemble des adolescents sur la question des différences et de l'homophobie au cours de leur scolarité".
Pour faire le point sur la situation internationale et le retard de la France en la matière, des associations réalisant des interventions en milieu scolaire et des syndicats ont organisé un colloque du 16 mai. Suite à celui-ci, un collectif d'associations a pris la décision de solliciter un rendez-vous avec le Ministre de l'Éducation Nationale pour faire le point à ce sujet.
Bien qu'ayant reçu l'agrément d'une Académie, SOS homophobie, victime comme les autres associations de tracasseries et de refus pour une autre demande, va intenter un recours devant le Tribunal Administratif et se joindre à la saisine de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Égalité (HALDE), faite par l'association Couleurs Gaies sur le refus d'agrément qu'elle a reçu de l'Académie de Metz.
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