Internet, un moyen redoutable d’assouvir sa dépendance !?

C’est anonyme, c’est en libre accès 24 heures/24 et sept jours sur sept, et on n’a jamais fini d’en faire le tour. Ces quelques avantages de la Toile en font un refuge pour les dépendants, notamment sexuels, soit 10% des utilisateurs de l’Internet, estime Jean-Pierre Rochon, psychologue et auteur du livre Les accros de l’Internet(Québec).
Comme les autres formes de dépendance, la cyberdépendance à la pornographie naît d’une carence affective, d’un sentiment d’anxiété qui disparaît quand on l’assouvit. «L’activité sexuelle nous plonge dans un état qui permet de ne pas être en contact avec ce qui fait souffrir», décrit la sexologue Elain Grégoire.
En conséquence : les cyberdépendants développent un «réflexe» et vont sur Internet de plus en plus souvent. Avec l’avantage que d’«aller sur Internet, c’est moins gênant que d’aller louer plusieurs cassettes chaque soirs dans un vidéoclub», juge-t-elle.
La facilité d’accès à la pornographie que permet Internet inquiète la sexologue. «Si on compare le sexe avec le jeu, on constate que la dépendance au jeu a augmenté avec l’accessibilité», prévient-elle: «et plus la facilité d’accès augmente, plus c’est difficile à combattre».
La jeune génération, habituée à utiliser le Net, est selon elle la plus à même à développer une dépendance à la cyberpornographie. «Le phénomène semble prendre de l’ampleur», juge-t-elle.
D’après Jean-Pierre Rochon, 400 000 Québécois sont dépendants à l’Internet, et notamment à la pornographie. Le psychologue raconte que certains de ses patients peuvent passer jusqu’à quinze heures par jour à regarder du porno depuis leur ordinateur. Toutefois, le thérapeute estime que «c’est la relation que l’on a avec le produit qui fait la dépendance, pas la quantité ou le nombre d’heures que l’on y consacre».
Faut-il se méfier de son ordinateur? Pour Jean-Pierre Rochon, «on n’est pas accro à l’ordinateur, mais à l’expérience qu’il nous fait vivre: fétichisme, SM, vidéos pornos, zoophilie, etc.».
Le psychologue juge le problème important bien que peu connu, mais il tient à relativiser le phénomène. Tous les utilisateurs ne sont pas exposés au même risque : «La pornographie sur Internet est un incitatif, mais la dépendance était déjà là», dit-il.
Pierre et Bernard, tous deux dépendants au sexe, se disent soulagés de ne pas avoir connu Internet dans leur jeunesse. «Internet, c’est un fléau chez les sexoliques», estime Bernard, qui aujourd’hui encore «ne s’approche pas de cela».

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